Sortir en exploration dans la nature avec des tout-petits, ce n’est pas simplement changer de décor. C’est apprendre à ralentir, à observer autrement. Et surtout, pour nous les adultes : réussir à leur faire confiance. Retour sur une sortie printanière au Bois de Vincennes (94) où les jeunes enfants étaient leurs propres guides.
La nature à portée de métro
Il y a quelques jours, on a suivi Ophélie, éducatrice de jeunes enfants en stage chez Label Vie, pour une exploration nature un peu particulière. Direction le Bois de Vincennes avec trois assistantes maternelles, une directrice de crèche collective de Saint-Mandé et six enfants de moins de trois ans.
Dès le départ, Ophélie a donné le ton :
“Aujourd’hui, ce sont les enfants qui décident. On les suit, on se laisse guider.”
C’est simple à dire. Mais sur le terrain, ce n’est pas si évident. Même en étant professionnel·le de la petite enfance, on garde souvent cette habitude d’encadrer, de guider, de montrer. Réussir à « lâcher prise » demande un effort conscient, surtout quand on souhaite « prévenir le risque ». Mais arrêter de vouloir tenir la main, au sens propre comme au figuré permet la liberté au sens large : celle des jeunes enfants et celles des adultes qui les accompagnent dans leur éveil.
Explorer sans but, sans programme, sans consigne
Se mettre à leur rythme, de la confiance : celle qu’on accorde à l’enfant, qu’on trouve en soi et qu’on arrive à développer avec le vivant. Cette journée-là, Ophélie a pris soin de lever les freins :
“Là, vous avez peur de quoi ?” était demandé régulièrement aux professionnelles qui participaient à cette sortie.
Une fois les appréhensions mises à distance, les enfants ont pu faire ce qu’ils savent très bien faire : explorer. Ils ont suivi leur curiosité, attirés par les sons de la cascade, la brillance des cailloux mouillés, le frisson d’une flaque sous les doigts, les cancans des canards. Ils ont touché, observé, transvasé, escaladé, et recommencé encore et encore.
Sans que les adultes n’aient besoin de proposer une activité, parce que l’activité, c’était l’exploration elle-même.
Laisser le corps et l’imaginaire s’exprimer
En continuant notre marche lente, ce sont les troncs d’arbres couchés qui ont pris leur importance en devenant des toboggans, des ponts… des refuges improvisés. La marche est petit à petit devenue sensorielle avec des rires et des glissades, grâce à des prises de risque mesurées. rires, des glissades, des tentatives, des prises de risque mesurées.
Mesurées, oui, car accompagnés par les professionnelles qui étaient là. Pour sécuriser, pour accompagner s’il le fallait, mais l’intervention systématique n’était pas au programme aujourd’hui !
Les enfants ont ramassé des bâtons. Ils ont inventé des cabanes. Un bateau, même. Pas parce qu’on leur avait demandé de « faire une cabane », mais bien parce qu’on a laissé la place à leur imaginaire de s’exprimer.
Et c’est ça, l’intérêt de remettre la nature au coeur : ne pas remplir chaque minute, leur laisser de la place, leur faire conscience. Et bien au-delà, les expériences de nature ont de nombreux bénéfices pour les tout-petits : un meilleur système immunitaire, une meilleure santé cardio vasculaire, moins de prévalence de myopie, de meilleure capacités de concentration et d’apprentissage, moins de stress, plus de créativité,…
Voir autrement, ensemble, sans être exper·te de la nature
Les questions des enfants n’ont pas manqué.
“Pourquoi l’eau bouge ?”
“On peut toucher ?”
“C’est quoi cet oiseau ?”
Parfois, on avait la réponse, mais souvent, non. Et c’est là que c’est précieux.
Parce que quand on explore ensemble, on change de posture : on n’est plus là pour tout pour tout expliquer, pour tout savoir mais pour observer avec eux. On apprend à dire “Je ne sais pas”, et à chercher ensemble. La preuve qu’on n’a as besoin d’être expert·e en nature pour prendre le temps d’observer, et quand on ne sait pas, on ne prend pas de risque : on évite juste de toucher ce petit champignon que l’on n’a encore jamais rencontré en forêt !
Repenser notre manière d’être dehors avec les enfants
Ce qu’on a vécu ce jour-là, c’était une autre manière d’être dehors. On a vu que la nature peut suffire : une flaque, un tronc, des feuilles. Et tout s’enclenche.
Au quotidien, ce n’est pas la nature qui manque. Ce qui manque parfois, c’est l’audace de lâcher, de repenser le cadre mais lorsque l’on arrive à oser, on découvre qu’un bout de parc, un coin de jardin, une friche urbaine peuvent devenir de grands terrains d’aventure. À condition de ne pas leur voler le jeu, de ne pas intervenir trop vite et de leur laisser l’espace et la liberté d’explorer.
Il est parfois difficile de savoir par où commencer, alors on a concocté quelques idées de la communauté juste ici !
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