Découvrez le témoignage de Manon, directrice de la micro-crèche Ô chat biotté labellisée Ecolo crèche® en ouverture.
Pouvez-vous vous présenter ? Nous raconter votre parcours en quelques lignes ?
Je m’appelle Manon Lentheric j’ai 31 ans. Je suis la fondatrice et la directrice de la micro-crèche ô chat biotté à Villeneuve les Avignon. Après un parcours un peu atypique, j’ai souhaité entrer tôt dans la vie active. À 18 ans je travaillais donc en tant qu’aide animatrice dans une crèche privée de 40 berceaux sur Nîmes. Intéressée par l’univers de la petite enfance mais n’ayant pas de diplôme j’ai alors décidé de passer un bac et de présenter le concours d’infirmière. J’avais déjà en tête l’idée de créer ma propre crèche. Suite aux études d’infirmière, ce métier m’a passionnée et j’ai décidé de prendre un poste en tant qu’infirmière de réanimation.
C’est à la naissance de ma fille, et devant la pénurie de structures adaptées à nos besoins que je suis revenue à mon projet initial avec l’envie de créer un lieu « idéal » pour les tout petits. Je voulais un endroit où les enfants pourraient pleinement s’épanouir tout en créant un environnement sain pour leur développement.
Pouvez-vous présenter votre structure ? Comment avez-vous commencé et à quoi ressemble votre crèche aujourd’hui ?
La micro crèche ô chat Biotté est idéalement située à la campagne, à proximité de la garrigue et de grands champs d’oliviers. Au cœur d’un parc ombragé par de grands pins et platanes, se dresse une jolie structure neuve en ossature bois de 160 m2, avec panneaux solaires et autres matériaux sains. Ici tout a été pensé et réfléchi pour réduire au maximum notre impact néfaste sur l’environnement. Nous accueillons aujourd’hui 12 enfants âgés de 8 semaines à 3ans. L’équipe est composée de 5 professionnelles auprès des enfants (Auxiliaires puériculture, cap petite enfance et une infirmière), d’une cuisinière et d’un agent d’entretien. Le docteur Teyssier est également co-fondateur de ce projet, référent technique et référent santé.
Ce qui est unique chez nous, outre l’aspect écolo, c’est notre projet pédagogique qui s’ouvre sur un champ infini de possibilités. La structure dispose d’un concept innovant sur la région: une vraie salle snoezelen. Snoezelen est un cocon où l’adulte entre dans le monde de l’enfant. Cet espace est basé sur 3 grands axes :
- le relationnel : espace qui permet la rencontre entre 2 sujets
- la détente/le bien-être : accéder au lâcher-prise, être en contact avec les sensations de son corps
- la sensorialité/l’ouverture au monde : le besoin de percevoir le monde via les sens est un besoin fondamental et indispensable au développement de l’enfant.
Snoezelen est pour moi un espace de liberté totale pour l’enfant, cet espace il l’explore à son rythme en fonction de ses envies.
Quelles ont été vos motivations pour créer une crèche “écolo” ? Et pourquoi avoir fait le choix du Label Ecolo Crèche chez Label Vie ?
Mon rêve était de créer un endroit sain à dimension humaine, axé sur la santé, l’épanouissement et le bien-être des enfants. L’idée était de replacer vraiment l’enfant au cœur de la nature, et d’intégrer l’écologie dans l’éducation dès le plus jeune âge. Nous essayons donc de faire un maximum avec ce que nous pouvons récupérer, et notamment avec ce que la nature nous offre. Ici les sorties extérieures sont quotidiennes à tout âge par tous les temps ! Les enfants s’occupent quotidiennement du potager et de nos deux adorables lapins béliers. Observer et respecter le vivant est une valeur fondamentale de notre crèche : c’est le début « du prendre soin ».
Pour moi le label écolo-crèche était une évidence, je voulais valoriser nos efforts avec un référentiel complet. Obtenir ce label est un gage de qualité. L’association Label Vie me donne un cadre précis et sécurisant, des pistes de réflexions et un réseau pluridisciplinaire avec notamment beaucoup d’échanges de bonnes pratiques entre les structures. Avec Label Vie on ne se sent plus seul !
Concrètement sur quels sujets travaillez-vous et quelles actions avez-vous pu mettre en place grâce à la démarche ?
Nous avons fait le choix de traiter vraiment tous les thèmes référencés par le label. Il nous semblait particulièrement important de mener des actions dans chaque domaine. Au début du projet nous avons commencé par étudier rigoureusement tout ce qui concernait les étapes de la construction car nous voulions réduire notre impact environnemental en terme de bâtiment ( matériaux plus sains ) et d’extérieur. Nous avons donc choisi consciencieusement chaque fournisseur.
Grâce au label et aux formations, nous avons acquis des connaissances suffisamment solides pour mettre en place notamment le «fait maison » en terme de ménage (à base de vinaigre ) et d’hygiène pour les enfants ( fabrication du liniment, et savon doux ). Les formations nous ont également permis de repenser nos pratiques en terme d’activité => fabrication de la pâte à modeler, la peinture, la colle… Le domaine que nous avons particulièrement étudié est celui de la cuisine. Nous avons d’ailleurs obtenu le label écocert niveau 3 en cuisine avec 96 % de produits biologiques. Nous proposons donc une alimentation maison réalisée sur place avec des produits biologiques, locaux et de saison. Chaque achat est réfléchi en terme de qualité et d’impact sur la santé. Nous luttons au quotidien pour réduire le gaspillage alimentaire, la consommation de viande. Et notre but est de favoriser l’économie locale.
Notre devise donc : « maitriser nos consommations, ne pas gaspiller, récupérer » : par exemple « Madame goutte d’eau » récupère l’eau des enfants à la fin des repas pour ensuite aller arroser notre potager. De manière générale depuis notre ouverture nous essayons au maximum avec l’équipe d’améliorer continuellement nos pratiques, car nous pouvons toujours faire mieux.
Selon vous quels pourraient être les freins ? Comment avez-vous réussi à les dépasser ?
La difficulté pourrait être de faire adhérer l’ensemble de l’équipe à ce projet. Pour ma part, lors de l’ouverture la priorité était d’apprendre à travailler tous ensemble, et progressivement nous avons pu intégrer l’aspect écologique et développement durable qui me tenait à coeur. L’équipe a commencé à proposer de plus en plus de jeux à base de récupération. J’ai par chance dans mon équipe des personnes très créatives. Depuis septembre 2021, j’ai nommé une référente écolo-crèche, qui a pour mission de rechercher dans chaque domaine une amélioration et/ou une innovation.
Dans un tel projet il est important d’être convaincu par ce que l’on fait car le processus pour motiver une équipe peut être long. Il est nécessaire de repérer une à plusieurs personnes ressources ainsi que le domaine de compétence de chacun(e), l’important étant de bien répartir les tâches. Il me semble que proposer des formations régulières à son équipe est une clef essentielle pour créer plus de motivation et d’investissement.
Que diriez-vous à une structure qui hésiterait à s’engager ?
Réduire notre impact environnemental est une véritable urgence; en choisissant de créer des crèches éco-responsables labellisées écolo-crèche vous allez participer à l’effort collectif. Vous allez offrir à l’enfant et à leur parents un lieu d’accueil sain qui se soucie du bien-être des enfants. Vos équipes seront plus motivées car elles se sentiront investies dans le projet.
Vous allez créer, fabriquer, innover ! Et surtout vous donnerez du sens à toutes vos petites actions quotidiennes.