À l’occasion de la Journée Nationale des Assistantes Maternelles qui a lieu le 19 novembre, Label Vie a souhaité mettre à l’honneur le métier d’assistante maternelle à travers une interview entre Sandra Onyszko, ancienne assistante maternelle et directrice de la communication chez l’UFNAFAAM (Union Fédérale Nationale des Associations des Familles d’Accueils et des Assistantes Maternelles) et Eva Cros Rouyre, assistante maternelle engagée chez Label Vie.
Question 1 : Pourriez-vous vous présenter et nous parler de votre travail ?
Sandra : Je suis Sandra Onyszko, ancienne assistante maternelle et chargée de la communication chez l’UFNAFAAM. Mon travail consiste à faire le pont entre les associations des assistantes maternelles et les ministères/institutions, mais c’est aussi d’aller à la rencontre des assistantes maternelles par le biais de formations ou de conférences au sein de Relais Petite Eenfance (RPE). Je forme également des responsables PMI et il m’arrive de travailler auprès d’agents de CAF.
Eva : Je suis Eva Cros Rouyre, assistante maternelle agréée depuis 2018 et engagée dans la démarche Label Vie depuis 2019. Mon métier consiste principalement à accueillir les enfants à mon domicile lorsque les parents travaillent et de répondre à tous leurs besoins : soins, éveils, repas etc.
Question 2 : Les assistantes maternelles sont les premiers moyens de garde des enfants en France.Pourtant depuis 2019, elles sont beaucoup plus nombreuses à quitter le métier et nous assistonsaujourd’huià une pénurie majeure d’assistantes maternelles.Quel est votre ressenti face à cela ?
Sandra : Mon ressenti c’est que ça m’attriste énormément. Le métier d’assistante maternelle n’est pas suffisamment accompagné :, on a beaucoup d’ambitions pour ce mode d’accueil et finalement très peu de moyens. Ce métier doit être soigné de l’intérieur car nous sommes en déperdition d’assistantes maternelles. C’est triste parce que pour le moment c’est le problème des assistantes maternelles, mais demain ce sera celui des politiques, puis des élus et fondamentalement celui des parents. Les assistantes maternelles sont présentes dans 7 communes sur 10. Ce sont les premiers modes d’accueils et les plus adaptés aux horaires des parents. Et pourtant, ce mode d’accueil disparait dans une totale invisibilité sans qu’on produise des actions concrètes. Aujourd’hui certaines communes en prennent déjà conscience mais c’est presque déjà trop tard. Dans 7 ans à venir, il y aura cent dix mille assistantes maternelles qui partiront à la retraite, on va perdre deux cent mille places de garde. Et c’est vraiment dommage…
Eva : Je suis devenue assistante maternelle par reconversion et je conçois ce métier comme un métier d’avenir. On parle effectivement de pénurie d’assistantes maternelles et cela est dû aux nombreuses contraintes mises sur les assistantes maternelles avec toutes les règles administratives, les différents contrôles mis en place, etc. Mais c’est aussi à cause de la solitude et le fait que ce métier ne soit pas suffisamment valorisé. Personnellement, je ne ressens pas cela car je fais partie du réseau Label Vie, je fais beaucoup de formations et j’enrichis mon quotidien.
Question 3 : Qu’est-ce que vous auriez-vous envie de dire à une jeune personne intéressée par les métiers de la petite enfance pour la convaincre devenir assistantes maternelles ?
Eva : Je lui dirais que travailler avec les enfants c’est très enrichissant pour soi, on en apprend tous les jours. On travaille avec des enfants qui seront des futurs adultes et on est un maillon important dans leur vie et leur développement : c’est une tâche qui n’est pas anodine ! C’est un travail où on est seul. Pour certaines, c’est un point positif parce qu’on a beaucoup de liberté et pour d’autres, c’est plus compliqué la solitude. Pour moi, il y a un vrai lien direct avec les parents et ça, c’est important, c’est un travail d’équipe avec les parents.
Sandra : Je lui dirai que l’accompagnement du jeune enfant n’est pas normé, il varie d’un jour à l’autre et c’est là toute sa beauté. Il y a une grande liberté d’action. Être assistante maternelle, c’est s’adapter au territoire, au temps et aux envies des enfants. C’est un mode d’accueil qui correspond aux besoins des tout-petits, qui emmène l’assistante maternelle à concevoir et à réfléchir à ses activités, à être créative et surtout à prendre du plaisir. Et cette liberté est pour moi une grande bouffée d’oxygène.
Question 4 : Label Vie accompagne les professionnels de la petite enfance – dont les assistantes maternelles – à travers une démarche qualité d’accompagnement au changement notamment grâce à un engagement fort sur le plan écologique et social. Dans quelle mesure est-ce qu’une démarche comme Label Vie peut contribuer à l’amélioration de la qualité de vie au travail de ces professionnelles et à la valorisation de leurs métiers ?
Sandra : Ce type d’engagement est important parce qu’il doit répondre à plusieurs enjeux comme le confort, leurs besoins en tant qu’individu et plus largement à ceux d’un professionnel.
Si on veut une démarche de consensus de qualité pour tous les modes d’accueils, on doit avoir les mêmes moyens. C’est une démarche qui contribue à la valorisation de ce métier.
Il faut prendre en compte les besoins et les enjeux oubliés du développement de l’enfant. Et tout ce qui a trait au respect de l’environnement est forcément une démarche d’avenir.
Les tout-petits sont des futurs adultes. Ce qui signifie qu’à un moment donné, on va accompagner l’enfant, mais aussi sa famille que ce soit un mode d’accueil collectif ou individuel. On doit avoir cette « même » démarche.
Eva : Au quotidien la démarche Label Vie m’aide énormément grâce à son réseau. On est accompagné, on se sent moins seul et ça donne envie de se challenger au quotidien.
Les formations m’aident et je me suis focalisée sur plusieurs d’entre elles afin d’améliorer la qualité de vie de mon espace et de l’accueil comme celles sur la réduction des déchets et l’hygiène. C’est encourageant de voir que des choses marchent dans d’autres structures et cela me motive à les essayer chez moi.
Question 5 : Le service public de la petite enfance qui se lance en 2025 à prévu de donner un nouveau souffle aux assistantes maternelles en valorisant les relais petite enfance, structures intermédiaires qui fédère les assistantes maternelles. Quel est rôle à jouer des relais petite enfance (RPE) pour les assistantes maternelles dans les années à venir ?
Eva : Pour moi l’aide des relais petite enfance se situe à deux niveaux :
Premièrement, ils sont une porte d’entrée sur tout ce qui concerne l’aide administrative : les contrats, les congés, nos droits et nos devoirs en tant qu’assistantes maternelles. Deuxièmement, ils organisent de nombreuses rencontres, des ateliers qui aident à fédérer les assistantes maternelles, les enfants et cela à moindre coût. Ça nous permet aussi de se retrouver entre nous et d’échanger.
Sandra : Aujourd’hui les relais petite enfance sont les acteurs les plus proches des assistantes maternelles. La circulaire CNAF fait émerger deux pistes :
Celle de la professionnalisation où les relais petite enfance aident à la formation continue des assistantes maternelles. Celle du service aux assistantes maternelles où les relais petite enfance accompagnent les assistantes maternelles.
Et si les relais petite enfance sont les plus proches des assistantes maternelles, ils doivent avoir une fonction bien établie parce qu’importante et parce qu’ils touchent beaucoup d’assistantes maternelles.